La Revue Moderne (1919-1960) a été créée par Anne-Marie Gleason, devenue plus tard Huguenin. Elle écrira sous le pseudonyme de Madeleine. Dans son premier éditorial en novembre 1919, Madeleine a exprimé son ambition de créer un magazine intellectuel libéral pour le Canada francophone : « Elle attestera brillamment de la valeur de nos poètes, de nos prosateurs, et elle offrira une lecture abondante et salutaire à tous ceux qui la rechercheront » (9). Madeleine a poursuivi en tant que rédactrice en chef pendant une dizaine d’années mais sa vision initiale battit son plein seulement pendant les premières années de la publication de La Revue Moderne. À partir de 1922, le magazine est devenu progressivement plus généraliste (Saint-Jacques et Robert 278). La mention 'Littérature, politique, arts' est apparue sur les couvertures et/ou sur l'ours jusqu’en 1928 mais le contenu du magazine a toujours été plus éclectique que ne l’annonçait sa description. Les sujets comme la gastronomie, la religion, l’histoire, le sport et la psychologie populaire ont souvent été à la Une. Chaque exemplaire contenait un court roman complet et un feuilleton, et depuis le début, il y avait une rubrique intitulée « Fémina » constituée d’articles sur la maison et la beauté, de patrons de couture de robes et de pages de conseils. C’est le succès auprès des femmes qui a permis à La Revue Moderne de s’adapter et de survivre. Son orientation fut plus évidente dans ses dernières années, alors que pendant les années 30 et 40, sous la direction de rédacteurs en chef (aucune rédactrice), ses représentations de la féminité sont devenues plus conventionnelles et commercialisées (Marchand). Dans ses dernières années, sans doute aucun, La Revue Moderne était un ‘magazine pour femmes’, et il fut finalement racheté par Maclean-Hunter qui l’a rebaptisé Chatelaine (1960-) en gardant La Revue Moderne comme sous-titre pendant quelque temps.
Au cours de ses dix, vingt premières années, La Revue Moderne n’abordait pas particulièrement le sujet des voyages bien qu’il ait toujours prêté attention aux cultures étrangères. Les articles sur les vacances portaient principalement sur les destinations au Canada tandis que les articles sur d’autres pays avaient tendance à être plus des essais informatifs que des écrits promotionnels. Toutefois la place accordée aux articles sur les vacances, aux publicités touristiques et aux fictions ayant pour thème le voyage, s’est nettement accrue dans les années 50.
De façon remarquable, le format du magazine est resté consistent. Chaque numéro avait une taille de 25 x 35 cm et comptabilisait environ cinquante pages. Le nombre de publicités était considérablement plus faible que celui dans les magazines anglophones de la même époque. Jusqu’en 1929 il a coûté 25 cents canadiens, puis 14 / 15 cents jusqu’en 1947 et enfin 20 cents de 1948 à 1960. Après la sortie du numéro de novembre 1938, plus rien n’a été publié pendant cinq mois. Mais une nouvelle compagnie ‘La Revue Moderne, Limitée’ a vu le jour et a pris possession du magazine. En mai 1939, le magazine a été relancé avec une nouvelle équipe dirigée par Roland Beaudry et une nouvelle aspiration, celle de plaire à un public dit populaire. Dans l’éditorial de ce tout nouveau numéro, les lecteurs ont été invités à envoyer leurs suggestions par courrier dans le but de « rendre ce magazine de plus en plus conforme aux souhaits de la majorité ». Les chiffres de diffusion de La Revue Moderne sont allés de 23 120 en 1922 à 31 343 en 1940 et 106 303 en 1960 (Beaulieu et Hamelin V: 294; Mathieu 261; Des Rivières 16). De 1932 à 1954, la société ‘La Revue Moderne’ a aussi sorti La Petite Revue, dans un format in-quarto plus petit, avec un mélange similaire quant au contenu mais contenant plus de pages de fiction.
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Accès au magazine
Il s’agit du seul magazine sur les six, qui est disponible en ligne (2013). Vous pouvez faire des recherches sur le tirage complet dans les collections numériques de la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec.
Les volumes de 1919 à 1921 avaient été précédemment scannés par l’Université de Toronto et sont disponibles en format PDF via le catalogue de l’université et le site << Internet Archive >>.
Voici quelques bibliothèques qui détiennent des exemplaires papier de La Revue Moderne : la Bibliothèque et Archives Canada (un tirage relativement complet et en bon état, dans l’ensemble composé de numéros séparés, conservé dans les ‘Special Collections’) et la bibliothèque « Robarts Library», de l’Université de Toronto (plusieurs numéros et volumes sont manquants ; depuis qu’ils sont sur des étagères ouvertes, ces numéros se détériorent mais ils ont l’avantage d’être très facilement accessibles pendant les longues heures d’ouverture de la bibliothèque). Des exemplaires sont disponibles sur microfilms dans plusieurs bibliothèques scientifiques canadiennes.