Chantal Savoie , professeure agrégée
Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises
Département de littérature
Université Laval
Au tournant du XXe siècle, les pages féminines des grands quotidiens sont devenues l’un des lieux qui ont le plus contribué à façonner l’émergence d’un regard féminin lettré sur le monde et la culture. Dans le prolongement de notre travail sur les pages féminines des quotidiens et périodiques féminins des premières décennies du XXe siècle, nous souhaitons mesurer l’évolution du regard des femmes sur le monde et sur la culture par les magazines en nous focalisant sur la chronique « Ce que nous dont on parle » de Lucette Robert dans La revue populaire (1944-1947). Alors que le monde de l’imprimé a connu une mutation décisive pendant la Seconde Guerre mondiale, comment la modernisation de la société et le redéploiement de l’espace médiatique en général et de l’espace spécifique des magazines en particulier, est-il transformé par cette évolution ? Comment se présentait la culture sociale féminine à la fin de la guerre ? La chronique de Lucette Robert, abordant les ratés des milieux mondains, littéraires et artistiques, alors que la chroniqueuse elle-même incarnait un nouveau modèle de femme alphabétisée et citoyenne du monde dans un magazine populaire, s’avère être un exemple privilégié qui permet de sonder le lien des différentes sphères culturelles (médias et culture, à la confluence de la culture populaire et de la culture moyenne) à une époque charnière.