Michelle Smith, associée de recherche postdoctorale
École des sciences humaines (études anglaises)
Université de Strathclyde
Paris, selon les publicités et les articles de voyage des magazines canadiens grand public de langue anglaise de l’entre-deux-guerres, était une destination prometteuse de luxe, de plaisir et d’exclusivité. Pour y accéder, on empruntait un paquebot de croisière offrant « des appartements ultra-spacieux, des salons parfaitement agencés, un service discret anticipant vos désirs et la compagnie de compagnons de route distingués », après quoi on pouvait résider temporairement dans un hôtel comme l’Hôtel Prince de Galles, situé « dans le quartier le plus exclusif de Paris juste à côté des Champs-Elysées » et destiné à « cette classe sélectionnée de voyageurs expérimentés qui apprécieront la liberté des vexations de la vie hôtelière ordinaire ». De là, on pourrait s’aventurer pour découvrir « le plaisir de passer sa première journée au Louvre », parcourir la « qualité exquise de la mode française », et bien plus encore.
Cet article explore comment les idées et les images sur Paris dans des magazines canadiens tels que Mayfair et Maclean’s ont servi un mélange difficile de fantaisie, de mémoires et de conseils pratiques sur la meilleure façon de profiter des voyages d’agrément. Dans les années 1920 et 1930, Paris était l’une des destinations les plus annoncées et les plus discutées, avec des publicités et des articles suggérant que les Canadiens désireux de posséder un véritable «savoir-faire» devraient traverser l’Atlantique. Faire ce voyage signifiait qu’ils pouvaient découvrir les points forts du monde moderne (allant de la nouvelle technologie du paquebot de croisière de luxe aux plaisirs des galeries d’art parisiennes en passant par la participation à la société intelligente) dans un cadre dit « à l’ancienne ». Comprendre comment les magazines dépeignaient une visite à Paris est donc une manière de comprendre l’aspiration sociale – voire le snobisme – et comment cette aspiration était sous-tendue par certaines consommations matérielles et culturelles.